Le feu de Victor Hugo, un soir d’automne à la Comédie. Michel Cassagne, en photo, est alors irrésistible. Mais quel est ce drame qui a inspiré à Gérard Oury «La Folie des grandeurs»? L’expo virtuelle «(Re)visiter la Comédie» vous aidera  à identifier la pièce et son metteur en scène

Le plaisir d’un grand classique en costumes et sous les étoiles. Le spectacle, dont vous avez une photo sous les yeux, sera d’abord joué en extérieur pendant l’été 1974, avant d’être repris en ouverture de saison, en octobre. Richard Vachoux, qui vient de prendre les rênes de la maison, veut donner le ton: metteur en scène et comédiens constituent une distribution brillante et exclusivement romande. Exit les vedettes parisiennes!

Ce qui frappe dans l’image, c’est l’expressivité de Michel Cassagne, un mélange d’inquiétude et de surprise, peut-être feint. Cet acteur magnifique incarne un grand d’Espagne, dans une des pièces les plus étincelantes de Victor Hugo. Cette histoire de coeur, de cape et d’été inspirera en 1971 à Gérard Oury  la célébrissime «Folie des grandeurs», où on voit un Louis de Funès plus énervé que jamais réveillé par Yves Montand au son des louis d’or.

Quel est ce drame alors? Et qui en signe la mise en scène? Vous pouvez poster votre réponse en bas de cet article, dans la partie commentaire, et l’assortir d’un souvenir personnel.

Des indices? Victor Hugo a 38 ans à l’époque et il a déjà fait scandale avec «Hernani». Il est adulé par une jeunesse amoureuse de son panache romantique, honni par les thuriféraires du classicisme. La Comédie-Française se méfie de ce chien fou, le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, enseigne phare des boulevards, ne veut pas de ce poète océanique. Peu importe. L’auteur de «Notre-Dame de Paris» aura sa scène à lui, le Théâtre de la Renaissance. C’est pour cette maison qu’il écrit en moins d’un mois le chef-d’oeuvre qu’il vous reste à identifier  à présent.

Quant au metteur en scène, il dirige à ce moment-là le Poche où il a succédé à son beau-frère, Richard Vachoux.

Vous trouverez la réponse en déambulant dans l’expo virtuelle (Re)visiter la Comédie et sur notre blog ce week-end, sous la plume de Camille Bozonnet.

Le ballet blanc du chantier de la Comédie. Fin février, Niels Ackermann pistait les ouvriers sur les hauteurs du bâtiment. Le coronavirus hantait déjà les esprits, mais le confinement paraissait encore improbable

La beauté d’un geste. Ce qu’il recèle de sensibilité, de savoir-faire, d’intelligence. Depuis un an et demi, le photographe Niels Ackermann se faufile pour nous, à intervalles réguliers, dans le labyrinthe de la Comédie en construction. Il s’intéresse à ces hommes qui ne font en principe jamais la une des journaux ou des sites d’information. Il les saisit dans le vif de leur quotidien, au coeur d’une réalité qui peut sembler étrange, voire lunaire, aux yeux du profane. Ce jour-là, il a croisé Andrea qui lui a fait signe: «Tu me prends en photo?»

«C’est pas pour le coronavirus, hein!»

Ensemble,  ils ont escaladé les échafaudages. Sous son masque haut de gamme, Andrea s’est esclaffé: «C’est pas pour le coronavirus, hein!» Puis il lui a parlé de son  travail: sprayer une couleur gris métallisé sur la structure qui porte les vitres. La conversation a dévié et le peintre a dévoilé l’une de ses passions,  l’astro-photographie. C’est ainsi que le photographe et son sujet se sont projetés dans une dimension cosmique.

Certains spectacles laissent une empreinte durable. Par la grâce d’une image qui vous vient droit au cœur, riche d’heureuses résonances. A la tête de la Comédie entre 1989 et 1999, Claude Stratz avait ce génie

« Il faut une image forte pour faire entendre les mots du texte », suggéra  Claude Stratz à Omar Porras lorsqu’en 1995 le trublion du off genevois investit pour la première fois la vénérable Comédie avec son Othello d’après Shakespeare.

Mais comment créer cette image, comment la déduire du texte ? En d’autres termes, quels ressorts gouvernent l’invention théâtrale ? C’est la quête passionnée qu’a menée Claude Stratz, depuis ses premières interrogations à la Gaîté-Lyrique aux côtés de Patrice Chéreau en 1973, à son élégante maîtrise qu’ont louée la plupart des critiques lors de sa décennie à la tête de la Comédie (1989-1999), pressés de découvrir chaque saison le « nouveau Stratz ».

La scénographie, bien sûr – et particulièrement celle qu’élabora son complice, Frédéric Robert, pour son spectacle d’ouverture, le génial Chacun à son idée – la géométrie des circulations (ou mise en espace des personnages), le travail au corps avec les acteurs, qu’un formidable reportage de Viva tourné pendant les répétitions des Acteurs de bonne foi donne à voir dans son intimité la plus crue…

Autant d’éléments qui constituent l’esthétique théâtrale de Claude Stratz, sans en révéler toute la mécanique des enchantements, même si son spectacle de clôture, coup de génie pirandellien, encore, révérence jubilatoire tirée à ses amours de théâtre dans le théâtre, en dévoila une partie.

Camille Bozonnet, curatrice de l’exposition “(Re)visiter la Comédie”

Photos: ©Jurg Bohlen

Curatrice de l’expo «(Re)visiter la Comédie», Camille Bozonnet est tombée sur un fabuleux fonds de photos qui documente les années 1920 à la Comédie. Un trésor dont est issue l’image ci-dessus. Récit d’une découverte Continuer la lecture “La réponse de notre quiz 4: “Le Masque et le visage” de Luigi Chiarelli”