La réponse de notre quiz 5: “Chacun à son idée” de Luigi Pirandello

Certains spectacles laissent une empreinte durable. Par la grâce d’une image qui vous vient droit au cœur, riche d’heureuses résonances. A la tête de la Comédie entre 1989 et 1999, Claude Stratz avait ce génie

« Il faut une image forte pour faire entendre les mots du texte », suggéra  Claude Stratz à Omar Porras lorsqu’en 1995 le trublion du off genevois investit pour la première fois la vénérable Comédie avec son Othello d’après Shakespeare.

Mais comment créer cette image, comment la déduire du texte ? En d’autres termes, quels ressorts gouvernent l’invention théâtrale ? C’est la quête passionnée qu’a menée Claude Stratz, depuis ses premières interrogations à la Gaîté-Lyrique aux côtés de Patrice Chéreau en 1973, à son élégante maîtrise qu’ont louée la plupart des critiques lors de sa décennie à la tête de la Comédie (1989-1999), pressés de découvrir chaque saison le « nouveau Stratz ».

La scénographie, bien sûr – et particulièrement celle qu’élabora son complice, Frédéric Robert, pour son spectacle d’ouverture, le génial Chacun à son idée – la géométrie des circulations (ou mise en espace des personnages), le travail au corps avec les acteurs, qu’un formidable reportage de Viva tourné pendant les répétitions des Acteurs de bonne foi donne à voir dans son intimité la plus crue…

Autant d’éléments qui constituent l’esthétique théâtrale de Claude Stratz, sans en révéler toute la mécanique des enchantements, même si son spectacle de clôture, coup de génie pirandellien, encore, révérence jubilatoire tirée à ses amours de théâtre dans le théâtre, en dévoila une partie.

Camille Bozonnet, curatrice de l’exposition “(Re)visiter la Comédie”

Photos: ©Jurg Bohlen