Le chantier entre de bonnes mains (14)

Le ballet blanc du chantier de la Comédie. Fin février, Niels Ackermann pistait les ouvriers sur les hauteurs du bâtiment. Le coronavirus hantait déjà les esprits, mais le confinement paraissait encore improbable

La beauté d’un geste. Ce qu’il recèle de sensibilité, de savoir-faire, d’intelligence. Depuis un an et demi, le photographe Niels Ackermann se faufile pour nous, à intervalles réguliers, dans le labyrinthe de la Comédie en construction. Il s’intéresse à ces hommes qui ne font en principe jamais la une des journaux ou des sites d’information. Il les saisit dans le vif de leur quotidien, au coeur d’une réalité qui peut sembler étrange, voire lunaire, aux yeux du profane. Ce jour-là, il a croisé Andrea qui lui a fait signe: «Tu me prends en photo?»

«C’est pas pour le coronavirus, hein!»

Ensemble,  ils ont escaladé les échafaudages. Sous son masque haut de gamme, Andrea s’est esclaffé: «C’est pas pour le coronavirus, hein!» Puis il lui a parlé de son  travail: sprayer une couleur gris métallisé sur la structure qui porte les vitres. La conversation a dévié et le peintre a dévoilé l’une de ses passions,  l’astro-photographie. C’est ainsi que le photographe et son sujet se sont projetés dans une dimension cosmique.