A la billetterie de la Comédie, cette amoureuse du beau geste, photographiée ici par Niels Ackermann, noue avec le public une relation exceptionnelle. Depuis l’automne, elle est aussi chargée de ravitailler les équipes artistiques

Vous lui confieriez la clé de vos songes. Et celle du garde-manger, pour qu’elle le garnisse à sa façon. Martine Bornoz est une ambassadrice hors pair pour la Comédie. A la billetterie depuis onze ans, elle aiguille le chaland, évente le mystère d’un soir juste ce qu’il faut pour exciter la curiosité, monte parfois sur ses grands chevaux, quand elle a aimé de tout son cœur une pièce.

Ce jour glacé, elle vous attend devant l’une des entrées du théâtre des Eaux-Vives, celle réservée aux camions. Est-ce cette lueur dans l’œil? Ou ses bottes de sept lieues? Ou son manteau de chineuse distinguée? Elle vous emporte au premier contact. C’est que Martine apaise. Une grande sœur produit ce même effet.

Cette attention laineuse fait du bien. Depuis l’automne, nos villes ressemblent – malédiction du COVID-19 oblige – à des décors de cinéma désertés en catastrophe par les équipes de production. La Comédie des Eaux-Vives et ses parages n’échappent pas à la sidération ambiante. Pas de spectacles à l’affiche – même si trois se répètent ces jours, histoire de préparer la reprise. Martine Bornoz, elle, n’a jamais été aussi présente.

A l’écoute des brigades des planches

C’est que les équipes ne sauraient se passer d’elle. «Vous prenez un café ?» On vient d’entrer dans la cantine des artistes, haut perchée dans le bâtiment. Elle jette un œil, en connaisseuse, sur les fruits secs et les plaques de chocolat posées en vrac sur une table.

Gourmande? Oui, mais pour le bien des autres. Depuis la fin de l’été, elle est aussi chargée du catering. Comme  jadis la cantinière dans la mêlée des armes, c’est elle qui ravitaille les brigades des planches. Elle tourne en libellule autour d’elles, repère marottes et petits vices, avant de proposer des paniers sur mesure. Sur ce même mode butineur, elle fréquente les puces, à la recherche d’une théière ou d’une vaisselle qui ait du cachet.

Assortir les vestiges de nos existences est un talent. «C’est créatif de concevoir un havre de bien-être, raconte-t-elle. Ces jours, malgré la situation, les comédiennes et comédiens enchaînent les heures, comme des cyclistes du Tour de France dans les cols. Les interprètes de la metteuse en scène Christiane Jatahy travaillent jusqu’à 23h, avec deux pauses de vingt minutes. Ils sont contents de trouver de quoi les revitaliser. Certains m’ont dit qu’ils n’avaient jamais vu ça.»

Martine Bornoz personnalise ses potions magiques. à l’intention des acteurs et actrices. © Niels Ackermann / Lundi13

Des tickets qui ont de l’esprit

Les aficionados de la Comédie, à l’époque où elle régnait sur le boulevard des Philosophes, abonderaient dans ce sens. Eux aussi ont rarement rencontré hôtesse aussi prévenante. «J’adore reconnaître les gens au fil des saisons et nouer avec eux un dialogue au long cours, poursuit celle qui a travaillé comme art-thérapeute auprès d’enfants mutiques. Souvent, ils me demandent un conseil, par exemple si tel spectacle est recommandé pour des ados. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est quand ils reviennent vers moi, heureux de leur soirée.»

Les tickets de Martine ont de l’esprit. Il faut dire qu’elle n’a rien d’une bonimenteuse vantant sa marchandise. Dès qu’elle peut, elle assiste aux répétitions, afin de se pénétrer de la matière, de comprendre l’enjeu d’un parti pris esthétique, de se familiariser avec une façon de jouer.

Mais quand elle n’aime pas, alors ? «Je dois avouer, il m’est difficile de respecter le devoir de réserve. Si je connais bien le spectateur, je lui fais part en toute sincérité de mes réserves. Si je ne le connais pas, je m’en tiens à une description objective. La vérité aussi, c’est que je me sens solidaire des équipes. Au boulevard des Philosophes, depuis notre comptoir, on voyait arriver les artistes. Et ça ne manquait jamais : ils nous demandaient s’il y avait du monde.»

Aux Eaux-Vives, sa vie d’entremetteuse changera. La billetterie ne donne pas directement sur l’entrée, ce qui l’empêchera de happer le chaland. A moins qu’elle ne monte au front. Son grain de sel, on le  trouvera au coin librairie. En collaboration avec la dramaturge Arielle Meyer, elle choisira les livres selon les productions. «Comme je vois les répétitions, comme je discute aussi avec les metteurs en scène, j’ai une idée de ce qui les inspire. C’est forte de ces échanges que je constitue notre sélection.»

Martine Bornoz est du genre à bien recevoir, sans chichi, en discrète qui ne laisse rien au hasard. Le goût de la scène remonte chez elle à l’enfance. Avec ses parents, elle ne manquait pas un spectacle du Théâtre Kléber-Méleau, alors dirigé par son fondateur, Philippe Mentha. Le lever de rideau pourpre, le sortilège d’un décor, la gravité d’une voix, le panache d’un geste : l’enchantement opérait toujours.

Adolescente, elle jouissait d’être cigale au Festival d’Avignon. Elle y a vu la légendaire Classe morte de Tadeusz Kantor. Elle ne l’oubliera jamais. De même qu’elle a toujours en tête les harangues sauvages de Bartabas, à l’époque où le Théâtre équestre Zingaro n’était pas encore une institution. Plus tard, elle a emmené ses enfants au Théâtre Am Stram Gram à Genève.

Martine Bornoz prépare des plats légers à déguster entre deux répétitions. © Niels Ackermann / Lundi13

Ces souvenirs, elle les détricote à la bonne franquette. A la maison, raconte-t-elle, elle cuisine en écoutant du jazz sur France Musique. Pendant le premier confinement, elle a fabriqué des masques avec les sacs en tissu estampillés «Comédie». Sa table est fraternelle, à l’évidence. Avec ses amis, elle parle de tout ce qui la porte, des livres en particulier. L’autre jour, elle ne jurait que par Cette chose étrange en moi, de l’auteur turc, Prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk. «Je peux tout lire, mais il faut que ça soit bien écrit.»

A cet instant, dans la caf déserte, Martine Bornoz chasse du regard un nuage. Elle est de la tribu des cantinières providentielles, cousine de celle qui secourt Fabrice del Dongo sur le champ de bataille de Waterloo, dans La Chartreuse de Parme de Stendhal. Son talent? Elle partage le nectar de ses vies intérieures.

Photo: Niels Ackermann

Il a tout vu, tout entendu. Pendant quarante ans, ce machiniste, puis cintrier historique a été le témoin de l’histoire de la Comédie. Confessions en hauteur

On l’appelle Babar depuis toujours. Il a une gouaille genevoise et de la répartie. Il a aussi une belle gueule de marin au long cours doublée d’une mémoire océanique. Entré à la Comédie en 1974, au moment où Richard Vachoux en prend la direction, il y a travaillé jusqu’à la fin du mandat d’Hervé Loichemol, sur les hauteurs, dans les coulisses, dans les soubassements de la scène.

Sur sa passerelle de cintrier, il n’a pas seulement tiré les ficelles des décors et de nos illusions vespérales, il a observé, comme aux premières loges, les transformations du métier, les innovations esthétiques. Désormais à la retraite, il s’est immergé l’autre jour pour la première fois dans la Comédie des Eaux-Vives. Un nouveau monde, une autre dimension, dont il a suivi toute l’histoire, comme il le raconte devant la caméra de notre vidéaste Robin Mir.

Ingrid Moberg et ses quelque 4000 costumes découvrent leur nouvel écrin, vaste comme un court de tennis. Notre vidéaste Robin Mir a suivi ce transfert

Avec sa chevelure de neige, Ingrid Moberg ressemble à une reine de conte, Andersen au hasard. Depuis une dizaine d’années, cette couturière et habilleuse règne sur les ego des comédiens et comédiennes de la maison. Elle taille les costumes de leurs chevauchées, les ajuste à leurs songes, s’arrange toujours pour exaucer leurs vœux.

Ingrid Moberg est un personnage, rauque et lumineux, fidèle et rebelle quand il le faut, taiseuse, croit-on, fileuse de légendes en vérité. Il faut la voir palper un taffetas, s’emballer devant un bustier en plumes, caresser le satin d’un manteau de cour. Si elle ne conçoit pas toujours les costumes d’une production – chaque spectacle a son créateur ou sa créatrice d’habits – elle leur donne vie.

Ces jours, elle fait sa révolution de velours. Elle délaisse l’atelier du boulevard des Philosophes, son repaire,  pour un espace qui est en soi une petite manufacture, baignée de lumière. Son nouveau fief est vaste comme un court de tennis, riche de machines à coudre impatientes de libérer leur musique entêtée. Notre vidéaste Robin Mir a suivi Ingrid Moberg  sur le pont de ses désirs, entre deux mirages de fiction.

La Comédie des Eaux-Vives se déleste de ses habits de travail. Le chantier vit ses derniers jours. Eddy Mottaz chronique cet épilogue

La grande salle et ses quelque 500 sièges encore en habits de travail. C’était il y a quelques jours et une brigade de techniciens et d’ouvriers mettait la dernière touche au grand oeuvre. Eddy Mottaz a suivi leur ballet sur une scène vaste comme celle du Bolchoï, recouverte d’un revêtement en plastique bleu piscine, histoire d’éviter salissures et entailles malheureuses.

Ce qui frappe ici, ce sont les bras ouverts en croix de l’homme de dos, au bord de la scène, à gauche. Tandis que deux de ses collègues s’affairent, il paraît s’adresser à la salle, théâtral comme un chef d’orchestre. Quel discours tient-il à la foule invisible? Lui promet-il des soirées de griserie qui feront oublier la grisaille de ces jours claquemurés à cause d’un perfide virus? Se lance-t-il dans une improvisation fougueuse comme un personnage de «Ce soir, on improvise», comédie merveilleuse de Luigi Pirandello?

Certitude: il prend plaisir à jouer sa partition, comme s’il était à la Scala de Milan ou à la Comédie-Française. C’est sa tirade qu’on fantasme. Il arrive ainsi que les photos parlent.

Devant l’objectif d’Eddy Mottaz, la Comédie des Eaux-Vives a parfois des airs de décor de cinéma

Un escalier dans une lumière or et charbon de thriller. En cette fin d’automne, la Comédie des Eaux-Vives n’est plus tout à fait un chantier. Les équipes du théâtre – techniques, artistiques, administratives – sont désormais dans la place, histoire d’apprivoiser la fabrique à fictions.

A sa façon élégante et picturale, notre photographe Eddy Mottaz dessine lui aussi des micro-histoires, de visions insolites en images évocatrices. Voyez celle-ci: elle dessine un passage secret entre deux étages, deux mondes, allez savoir. On pourrait redouter l’embuscade. Mais des foyers lumineux suggèrent une échappatoire.

En réalité, cet escalier côtoie l’une des deux salles de la Comédie, la petite, celle qu’on dit modulable: il permet de rejoindre au sous-sol un vestiaire. Eddy Mottaz raconte avoir été séduit par la pénombre. Ce jour-là, les lampes ne se sont pas allumées, comme elles auraient dû. L’occasion était trop belle: n’y avait-il pas là comme un décor de cinéma?

On se surprend à rêver sur ces marches: les descendre, c’est se sentir comme Ulysse rejoignant le pays des ombres pour consulter le devin Tirésias, avant de mettre le cap sur Ithaque, après dix ans d’errance; les monter, c’est courir après la lumière d’un rivage inédit.

Les images d’Eddy Mottaz ont ce pouvoir: leur climat stimule l’aventure intérieure. Cela tombe bien: les théâtres poussent à larguer les amarres.

La comédienne Marie-Madeleine Pasquier a découvert la nef des Eaux-Vives, entre stupeur et ravissement. Notre vidéaste Robin Mir l’a suivie. Filature rêveuse

Quelle guide mutine elle fait, Marie-Madeleine Pasquier ! Début octobre, la comédienne fribourgeoise accueillait le public dans le hall de l’ancienne Comédie, boulevard des Philosophes.

Juchée sur une chaise, elle annonçait une soirée endiablée : une version en espagnol de «La Cerisaie» de Tchekhov aurait bien lieu, mais il fallait prendre garde aux punaises qui avaient infesté le théâtre. Les visiteurs étaient alors invités à suivre ses camarades dans les dédales de la maison, en quête de fantômes fréquentables.

«Où est ma maison ?», tel était le titre de cette balade spirituelle. Marie-Madeleine Pasquier a poursuivi pour «Le Temps de la Comédie» ses pérégrinations. A notre demande, cette interprète qui s’enracine pour mieux toucher au ciel a déambulé au milieu des ouvriers, entre loges, foyer et plateau immense donnant, comme un pont de navire, sur l’océan de nos désirs. Notre vidéaste Robin Mir n’a pas perdu une virgule de son ravissement.

Après son camarade Karlo Krousanta, c’est au tour de Chirine Samii de croquer, crayon en main, le fabuleux «Oiseau vert» qui a propulsé en 1982 la Comédie au firmament

Les étudiants de la HEAD face à la légende de la Comédie. C’était au printemps passé. Aucun d’entre eux n’était né en 1982, époque où Benno Besson prenait la direction de la maison. Il n’empêche que, comme pour les épisodes précédents, ils ont imaginé, sous la conduite généreuse et inspirante de leur professeur, Nadia Raviscioni, cet automne de feu.

Après Karlo Krousanta – qu’on retrouvera dans un prochain épisode – c’est au tour de Chirine Samii d’offrir sa vision d’un spectacle qui a projeté la maison d’Ernest Fournier aux avant-postes de la scène européenne. Benno Besson monte L’Oiseau vert de Carlo Gozzi. Jean-Marc Stehlé signe le décor, Werner Strub, les masques. Le succès est phénoménal et les préposés à la billetterie ne savent plus où donner de la tête.

«Je vous en supplie, ne ratez pas ça!»

Chirine Samii va à l’essentiel : le bec et la moustache. Le bec, c’est celui de l’oiseau vert, incarné par l’acteur Alain Tétout, dont le masque a été conçu par son compagnon de vie, Werner Strub – ses visages en cuir, laine ou fil font l’objet d’une exposition à la Fondation Bodmer, à Cologny, fermée pour le moment à cause de la pandémie. La moustache, paysanne et farceuse, c’est celle de Benno Besson, cet enfant d’Yverdon qui a rejoint Berlin-Est après la guerre, pour y travailler avec Bertolt Brecht.

Le strip dévale la pente des souvenirs, d’un masque à l’autre. Cette vivacité est au diapason d’un spectacle qui a mis en joie des dizaines de milliers de spectateurs, à Paris, Bruxelles, Montréal. Le critique Jacques Nerson écrivait à l’occasion de ses représentations au Théâtre de l’Est parisien : «Précipitez-vous au TEP, insistez, forcez l’entrée, si on vous la refuse, mais je vous en supplie, ne ratez pas ça ! »

Ce que laissent les hommes après avoir construit leur maison. Notre photographe Eddy Mottaz collectionne ces traces au coeur du futur théâtre des Eaux-Vives

Une bâche transparente qui était comme une vague submergeant les sièges couleur encre de la grande salle. Telle était la dernière photo d’Eddy Mottaz – voir «Vie secrète du chantier, épisode 17». Changement de focale avec l’image que vous découvrez. Sur fond bitumé, une poignée de caractères typographiques, dirait-on. Les outils minuscules d’un labeur invisible, saisis sur le parvis du théâtre des Eaux-Vives.

Ces écrous, clous, charnières composent un rébus. Comme des coquillages à marée basse, ils sont les marques d’une vie souterraine. Considérez-les de près: des «E» et des «I» jouent leur comédie en ordre dispersé. «Comédie» est peut-être le nom qu’ils ont sur le bout de la langue. Ils préfigurent en tout cas la joie d’une parole qui ne restera pas coincée dans la glotte et qui, le moment voulu, jaillira. Dans cette vision, il y a des lendemains qui chantent.

A trois mois de l’inauguration du théâtre des Eaux-Vives, Karlo Krousanta, jeune talent de la HEAD, retrace son envol, en 1982

En 1981, la nomination de Benno Besson à la Comédie avait divisé. Les uns ignoraient sa carrière, à Berlin-Est dans les années 1950-1960, en Italie, en France ou en Suède dans les années 1970. Les autres voyaient dans l’ex-compagnon de route de Bertolt Brecht un suppôt du communisme.

En cet automne 1982 où il succède à Richard Vachoux, l’enfant d’Yverdon va mettre tout le monde d’accord avec sa version de L’Oiseau vert, comédie du Vénitien Carlo Gozzi. Tout ravit dans ce spectacle : les masques hallucinés jusqu’à en être fantastiques de Werner Strub, le décor de Jean-Marc Stehlé, la rigueur farceuse d’une troupe où s’illustrent Véronique Mermoud, Michel Kullmann, Carlo Brandt, Emmanuelle Ramu, Pierre Byland ou encore Alain Trétout dans le rôle- titre.

La Comédie peinait à exister sur la carte européenne. Elle brille désormais comme une demoiselle diamantée au premier bal. On fait la queue devant les guichets du boulevard des Philosophes. Des programmateurs internationaux se passent le mot. L’Oiseau vert se jouera près de 250 fois, en France, en Belgique, en Italie et au Canada.

Etudiant à la HEAD, Karlo Krousanta retrace à sa façon efficace et personnelle cette irrésistible ascension. Accompagné, comme ses camarades, par sa professeure, Nadia Raviscioni, il recycle avec malice l’esthétique de Jean-Marc Stehlé et de Werner Strub. Dans sa version, c’est l’oiseau vert en personne qui fait office de caissier. Les épithètes glorieuses pleuvent sur ses ailes. Comment mieux signifier ce sentiment de bonne fortune qui a régné alors à la Comédie ?

La nouvelle Comédie dans ses habits d’automne. Sa grande salle du moins. C’est la vision d’Eddy Mottaz, mémorialiste d’un théâtre qui sort de l’ombre

Hisser haut les voiles de la fiction. Dans sa dernière livraison – «Vie secrète du chantier, épisode 16» – notre photographe Eddy Mottaz tissait une analogie entre théâtre et navigation. Dans cette image, il suggère qu’une salle est une rive, submergée parfois par la vague blanche, l’écume d’une épopée.

La grande salle et ses quelque 500 sièges se dévoilent ici en partie, comme pour attiser le désir. Dans trois mois et demi, à la fin du mois de février, elle devrait enfin s’offrir à une foule avide de retrouvailles, avide surtout de se ressaisir du monde, après des semaines de semi-hibernation obligée. Cette photo d’Eddy Mottaz a valeur de métaphore: la nef obscure de nos fables est bâchée, comme en confinement, mais la lumière l’appelle.