Vie secrète du chantier, épisode 18

Ce que laissent les hommes après avoir construit leur maison. Notre photographe Eddy Mottaz collectionne ces traces au coeur du futur théâtre des Eaux-Vives

Une bâche transparente qui était comme une vague submergeant les sièges couleur encre de la grande salle. Telle était la dernière photo d’Eddy Mottaz – voir «Vie secrète du chantier, épisode 17». Changement de focale avec l’image que vous découvrez. Sur fond bitumé, une poignée de caractères typographiques, dirait-on. Les outils minuscules d’un labeur invisible, saisis sur le parvis du théâtre des Eaux-Vives.

Ces écrous, clous, charnières composent un rébus. Comme des coquillages à marée basse, ils sont les marques d’une vie souterraine. Considérez-les de près: des «E» et des «I» jouent leur comédie en ordre dispersé. «Comédie» est peut-être le nom qu’ils ont sur le bout de la langue. Ils préfigurent en tout cas la joie d’une parole qui ne restera pas coincée dans la glotte et qui, le moment voulu, jaillira. Dans cette vision, il y a des lendemains qui chantent.