La fabuleuse histoire de la Comédie en bande dessinée, épisode 10

A trois mois de l’inauguration du théâtre des Eaux-Vives, Karlo Krousanta, jeune talent de la HEAD, retrace son envol, en 1982

En 1981, la nomination de Benno Besson à la Comédie avait divisé. Les uns ignoraient sa carrière, à Berlin-Est dans les années 1950-1960, en Italie, en France ou en Suède dans les années 1970. Les autres voyaient dans l’ex-compagnon de route de Bertolt Brecht un suppôt du communisme.

En cet automne 1982 où il succède à Richard Vachoux, l’enfant d’Yverdon va mettre tout le monde d’accord avec sa version de L’Oiseau vert, comédie du Vénitien Carlo Gozzi. Tout ravit dans ce spectacle : les masques hallucinés jusqu’à en être fantastiques de Werner Strub, le décor de Jean-Marc Stehlé, la rigueur farceuse d’une troupe où s’illustrent Véronique Mermoud, Michel Kullmann, Carlo Brandt, Emmanuelle Ramu, Pierre Byland ou encore Alain Trétout dans le rôle- titre.

La Comédie peinait à exister sur la carte européenne. Elle brille désormais comme une demoiselle diamantée au premier bal. On fait la queue devant les guichets du boulevard des Philosophes. Des programmateurs internationaux se passent le mot. L’Oiseau vert se jouera près de 250 fois, en France, en Belgique, en Italie et au Canada.

Etudiant à la HEAD, Karlo Krousanta retrace à sa façon efficace et personnelle cette irrésistible ascension. Accompagné, comme ses camarades, par sa professeure, Nadia Raviscioni, il recycle avec malice l’esthétique de Jean-Marc Stehlé et de Werner Strub. Dans sa version, c’est l’oiseau vert en personne qui fait office de caissier. Les épithètes glorieuses pleuvent sur ses ailes. Comment mieux signifier ce sentiment de bonne fortune qui a régné alors à la Comédie ?