«Une Comédie élitiste parfois, grand public souvent»

A notre invitation, le président du PLR genevois Alexandre de Senarclens a pris la plume. Il attend notamment de la future Comédie qu’elle conquière les jeunes

Lorsque votre journal m’a proposé de rêver ce futur théâtre, j’ai repensé à l’acteur français Jacques François dans une pièce d’un auteur irlandais Molly S au Théâtre des amis. Ou à une adaptation du Livre de ma mère d’Albert Cohen donnée au Théâtre du Crève-Cœur. Prodigieux ! Il y a des œuvres comme ça qui vous bousculent. Des acteurs qui vous marquent. A mon sens, c’est cela qu’on attend d’une pièce, qu’elle vienne vous chercher, vous emporte ou simplement vous fasse voyager, mais dans tous les cas qu’elle ne vous laisse pas indifférent.

Le théâtre c’est de la création contemporaine ou des œuvres plus anciennes, Molière, Shakespeare, Ionesco, Feydeau, Pirandello. Le théâtre ça peut être Guitry, Tchekhov, Racine. « Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?» Voilà à l’instant présent, ce que je souhaiterais aller (re)découvrir dans ce nouveau lieu de culture.

Donner envie aux Genevois de se déplacer

Il y a autant de théâtres que d’individus et autant de spectacles qu’il y a de spectateurs. Ainsi, j’attends de la nouvelle Comédie une programmation pour un public divers, comme la population genevoise. Eclectique avant tout, élitiste parfois, grand-public souvent, en particulier auprès des jeunes spectateurs et des écoles genevoises. Je rêve que cette offre culturelle fasse venir un public parfois venu de loin. Que cette salle permette l’émergence de jeunes talents. Un théâtre qui, je l’espère, donnera envie aux Genevois de se déplacer pour découvrir une programmation, mais aussi un nouveau bâtiment, une nouvelle architecture et une nouvelle centralité pour une Genève créative et vivante.

Et pour cela, quoi de mieux que le théâtre, un art vivant au sens littéral du terme. L’on ne peut pas tricher ; tout peut arriver. La pièce présentée n’est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Les rires, comme les silences du public font partie de l’expérience de tous dans la salle comme sur la scène. Parfois les acteurs jouent plus vite, plus lentement, pareil pour une entrée ou une sortie de scène, c’est l’humeur et la sensibilité du jour, c’est l’interaction et – souhaitons-le – la communion avec le public.

Alexandre de Senarclens