Le chantier entre de bonnes mains, épisode 15

Des équipes en effectifs réduits, pour raisons sanitaires. Si le chantier a bien redémarré, ses acteurs s’emploient à respecter les règles de prudence. Cette ambiance inédite n’a pas échappé à Niels Ackermann

La solitude du technicien. Ce jour de mai, le chantier s’éveille, après des semaines d’hibernation. Drôle d’ambiance, studieuse et laiteuse à la fois.  Les équipes travaillent en effectifs réduits, redoublant de concentration, dirait-on. Niels Ackermann est arrivé tôt, comme un pro du plâtre ou du câble. Il a passé la matinée à gravir les étages et à les descendre, à l’affût d’un visage, d’une parole dans le vent, d’un corps à l’épreuve de la matière.

C’est ainsi qu’il a surpris cet électricien en train de régler une lampe de secours. A quoi pense-t-il? A ces semaines sans feu ni flammes où chaque matin paraissait interdire à jamais les camaraderies d’après labeur? Peut-être. A moins qu’il ne compte les jours qui le séparent de la fin du chantier et qu’il se projette déjà dans le prochain. Haut perché sur son échelle, face au gros pilier, l’homme des lumières paraît faire abstraction de tout. Le plaisir, ce sera pour tout à l’heure: une cigarette au grand air et cette impression d’un printemps qui s’étiole en volutes.