Vie secrète du chantier, épisode 15

Notre photographe Eddy Mottaz dévoile le drame de la matière dans les coulisses de la Comédie des Eaux-Vives encore en construction

Le petit cirque d’Eddy Mottaz réserve mille et une surprises. Depuis vingt mois, notre photographe documente le chantier avec une agilité d’acrobate. Il saisit des vols planés que personne ne discerne à part lui. Ce sont ceux d’un câble, d’une gaine orpheline, d’une tige volage.

Rien de spectaculaire, non. Tout d’intriguant pourtant. Voyez cette image, prise dans les coulisses de la Comédie des Eaux-Vives: tout paraît dessiné par un voltigeur aguerri, admirateur de Mark Rothko. Deux aplats se regardent: l’un couleur ardoise est d’humeur conquérante, l’autre gris orage sauvegarde une bande bleuâtre.

Ce qui anime le tableau, c’est la vivacité de la figure située en haut à gauche qui s’apprête, dirait-on, à se lancer vers le grand anneau de droite. Un trapéziste et son porteur, au fond. Sans tambours ni trompettes, Eddy Mottaz écrit son ballet des matières. Sa prouesse ne tient qu’à un fil. C’est ce qu’on aime, justement.