La fabuleuse histoire de la Comédie en bande dessinée (7)

Et si Ernest Fournier, le fondateur de la Comédie, avait tenu un journal intime, dessiné qui plus est ? Le jeune dessinateur genevois Clément Grahn a imaginé ce scénario

Jadis, les comédiens sentaient le soufre. Les dévots les soupçonnaient de commercer avec Lucifer. Longtemps d’ailleurs, le métier de Molière a été mal vu du bourgeois. Il était synonyme de mauvaise vie. On peut dès lors imaginer le choc des parents d’Ernest Fournier quand ce dernier leur a annoncé qu’il se consacrerait aux planches. Tenanciers de bistrot dans le quartier de Rive à Genève à la fin des années 1880, ils destinaient leur fils à la prêtrise. Ernest avait la vocation, certes, mais pas pour l’église.

Cette histoire a inspiré à Clément Grahn, étudiant de la HEAD à Genève, une chorégraphie graphique, intrusion vagabonde dans la psyché de l’artiste. Le lecteur découvre le journal intime fantasmé de l’artiste.

Clément Grahn conçoit son strip comme une suite de correspondances: comme sur un toboggan, on glisse de l’église cornue jusqu’à la belle dame à capeline découvrant l’affiche de la Comédie, en passant par des petits rats d’opéra. Le cerveau d’Ernest bout. Le 24 janvier 1913, il réalisait son rêve. Son théâtre était pris d’assaut par une foule emperlée et cravatée, avide de communion artistique et de petits fours. La messe était dite.