«Ouverture de la nouvelle Comédie le 19 septembre? Nous avons envie d’y croire»

Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer espèrent encore inaugurer le théâtre de la gare des Eaux-Vives le jour prévu, mais rien ne le garantit. L’ouverture du Pavillon de la danse devrait être différée

Il faut écouter Cassandre, elle a mauvaise réputation, mais la belle prophétesse dit souvent juste. A Genève, la nouvelle Comédie risque de ne pas ouvrir le 19 septembre, comme c’était prévu. Autre fierté genevoise, le Pavillon de la danse, censé être inauguré le 29 août avec le lancement du festival de La Bâtie, devrait lui aussi attendre avant de déployer ses ailes.

Comment imaginer un autre scénario, alors que les chantiers sont, à juste titre, arrêtés depuis le 20 mars?  Sami Kanaan confirme qu’il est peu probable que ces deux bâtiments soient inaugurés dans les délais prévus. «Personne ne peut dire quand les travaux reprendront, explique le conseiller administratif genevois responsable de la Culture. On doit attendre que la courbe des malades du coronavirus fléchisse pour planifier un redémarrage des chantiers. Il se pourrait d’ailleurs que ces reprises soient partielles.»

Déménagement stoppé

Dans leurs cuisines respectives, les codirecteurs Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer carburent à l’espoir, sans se faire d’illusions. «Le déménagement devait se faire en trois vagues, explique la première. La ateliers de constructions et les techniciens auraient dû être les premiers à s’installer dans le bâtiment des Eaux-Vives. Le personnel administratif devait suivre. Cette planification est tombée à l’eau.»

«Nous examinons chaque matin la courbe des malades en Suisse, poursuit le second. C’est en fonction de cette donnée essentielle que nous envisageons des scénarios. L’un prévoit qu’on utilise encore la scène du boulevard des Philosophes à la rentrée. Mais nous avons envie encore de croire à une ouverture le 19 septembre.»

Mais cinq mois et demi, n’est-ce pas plus que confortable pour un déménagement et une installation? C’est un minimum, soulignent Denis Maillefer et Natacha Koutchoumov. Car il ne s’agit pas seulement de transférer une soixantaine de personnes – soit le double d’il y a encore un an. Mais aussi de déplacer des ateliers de couture et de construction, avec leurs machines et outils, leurs containers chargés de matériaux, sans oublier les équipements techniques.

Et cette phase-là n’est que l’acte 1 de la métamorphose! L’acte 2 est celui du rodage: les équipes, tous domaines confondus, auront besoin de quelques semaines pour prendre la mesure de leurs nouveaux territoires. C’est ce dispositif qui est suspendu et qu’il faudra relancer au moment voulu.

Retard  difficile à estimer

Anne Davier, directrice de l’Association pour la danse contemporaine (ADC), est confrontée au même défi, à une échelle certes bien plus modeste. «Le planning était déjà serré, mais il est aujourd’hui bouleversé. Nous devrons peut-être encore programmer des pièces à la Salle des Eaux-Vives, plutôt qu’au Pavillon de la danse de la place Sturm. Ou répartir nos activités entre ces deux sites.»

Certitude: la rentrée artistique ne sera pas celle qu’on imaginait avant l’épidémie. Le coronavirus impose sa loi et son calendrier.  Impossible dès lors d’évaluer le retard: une semaine? Un mois? Davantage?  Seule Cassandre détient la réponse.