A la Comédie, placeuses et placeurs auront le beau rôle

Cools et sportifs, tels sont les nouveaux habits du personnel de salle. Leurs concepteurs, Cassandre Lanfranchi et Hugues Champendal, en dévoilent l’esprit et l’étoffe. Par Ivan Garcia

Aux Eaux-Vives, la Comédie a changé de dimension. Une ère inédite, donc, et un nouveau style, de communication et d’accueil. Dans cette dynamique, le choix de la tenue du personnel de salle n’était pas une mince affaire. C’est à Cassandre Lanfranchi, responsable de l’accueil des publics, qu’a été confiée la mission de concevoir un uniforme différent pour l’équipe des placeurs et placeuses de la maison. Les deux co-directeurs de l’institution, Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, lui ont laissé «carte blanche». L’enjeu: refléter l’esprit d’un lieu qui se veut inclusif, urbain, élégant et juvénile. 

Les dessous d’un costume

«Il fallait concrétiser notre nouvelle identité, l’assortir au bâtiment», explique Cassandre Lanfranchi dans le foyer des artistes. Au boulevard des Philosophes, jeans, t-shirt et blouson sweat noirs étaient de mise. Aux Eaux-Vives, un t-shirt rose et une veste grise habilleront les sherpas de la nuit. Responsable de salle, Hugues Champendal (en photo ci-dessus), arbore d’ailleurs l’ensemble.

Mais pourquoi ce «rose bubble-gum», à mi-chemin entre le rose fuchsia et le rose pâle? Il correspond à la charte graphique de la Comédie. Il rend surtout visibles les placeurs. Impossible de les manquer en cas de besoin. Ce t-shirt écologique, confectionné en fibre de bambou et fabriqué par l’Atelier Sonia Couture de Genève, est disponible à la fois en manches courtes et longues. Coquetterie? Nécessité plutôt. En hiver, les températures peuvent être polaires au point de transformer la nef en glacière. En été, le risque est qu’elle vire fournaise.

«C’est le froid qui a imposé la veste», raconte Cassandre Lanfranchi. En ce début d’été, on ne la verra pas. Il n’empêche qu’elle vaut le coup d’oeil. En sweat grise, elle fait écho au béton du bâtiment. C’est ce qu’a voulu la couturière Laurence Durieux qui a passé un mois sur place pour la concevoir. Sa forme «kimono» suggère légèreté et décontraction. Elle n’est pas boutonnée, ce qui lui donne un air de jeunesse. On admire les finitions en rose de la doublure. «Un des souhaits de la direction était que ce vêtement reste cool», détaille Cassandre Lanfranchi. Les placeurs ont d’ailleurs la consigne de venir en baskets et en jean pour compléter leur tenue. «Nous leur “interdisons” les chaussures, en fait, parce que nous souhaitons qu’il y ait un esprit jeune», poursuit notre interlocutrice. 

Cette simplicité a un autre motif: le personnel est susceptible de changer. L’habit devait donc être à la fois unisexe et pas totalement ajusté. «A chaque fois que la forme est trop ajustée ou marquée, il faut faire un vêtement sur mesure pour chaque personne. Chose impensable lorsque les membres de l’équipe changent chaque année», justifie la responsable. 

Clins d’oeil

Souplesse et clin d’oeil: tel est le charme du vêtement. Le «C» rose brodé sur la veste grise rappelle qu’il s’agit de la tenue officielle de la Comédie. Dans le dos, une autre inscription brille avec malice: «le beau rôle» scintille comme pour nous en mettre plein la vue. On la retrouvera sur le t-shirt mais en noir. 

La sobriété prend du temps, note Cassandre Lanfranchi. L’élaboration du costume a commencé en septembre 2020; un prototype a été essayé par Hugues Champendal en janvier 2021. Ce dernier souligne qu’il n’y a eu «aucune remarque négative» de la part des placeurs. Mieux, certains spectateurs souhaiteraient même acheter la tenue. Preuve s’il en est que ce changement de vêtement a trouvé son public. 

L’accessoire qui emballe: les placeurs porteront une sacoche avec le logo de la Comédie. L’endroit idéal pour ranger ses affaires personnelles, notamment son billet d’entrée. Autant dire qu’ils auront la banane.