Le chantier entre de bonnes mains, épisode 5

Niels Ackermann a réalisé un rêve d’enfant en se glissant dans la grue de Riad. Il a fixé l’objectif et tendu l’oreille. Confidences au sommet

Au pied de la grue, il s’est senti tout chose. Le photographe genevois Niels Ackermann a des accès d’acrophobie. Mais il n’a pas résisté à l’appel de Riad, l’homme qui domine le chantier du haut de sa cabine, à soixante mètres de hauteur. Il y a découvert un cockpit rutilant et un pilote aussi scrupuleux qu’engagé.
Français d’origine algérienne, Riad sait combien, à son poste, la précision compte, surtout quand il s’agit de poser un élément à un endroit qu’on ne peut voir. Le guidage de ses collègues d’en bas est alors déterminant.

«J’ai financé ma formation»

Pourquoi cette passion de l’altitude, Riad? « Le travail en équipe, c’était pas pour moi. J’aime mon métier. C’est moi qui ai choisi de faire cette formation, je l’ai financée moi-même.»
Sur son perchoir, il écoute la radio, les chaînes d’informations, RMC, les interviews de Jean-Jacques Bourdin en particulier. Au fil des chantiers, confie-t-il, il a essuyé ces petites phrases «pour rire» comme on dit, piqûres perfides qui relèvent d’un racisme ordinaire. Mais il a tenu sa ligne et il est fier, ajoute-t-il, d’avoir fait les bons choix, de ne s’être jamais retrouvé à zoner dans le quartier.

«Quand le bâtiment sera fini, je viendrai avec mon fils»

Flegme du grutier. La cabine de Riad est un modèle d’ordre et de propreté, il a même monté un aspirateur: « J’aime que tout soit nickel. Ça se salit vite, si on ne fait pas attention, donc sur chaque chantier j’apporte mon propre aspirateur».
 « Quand le bâtiment sera fini je viendrai avec mon fils, j’irai discuter avec les caissières du théâtre et je leur dirai que j’ai participé à la construction. »