La réponse de notre quiz 2: «Lulu» de Frank Wedekind
Un parfum de luxure à la Comédie. En 1978, le Belge Henri Ronse montait la pièce scandaleuse de Frank Wedekind. Curatrice de l’expo «(Re)visiter la Comédie», Camille Bozonnet éclaire cette boîte de Pandore.
Montée en 1978, cette Lulu jugée cohérente et audacieuse par la presse parisienne mais boudée par les journalistes locaux cristallise la querelle qui domine les relations entre la critique genevoise et La Comédie des années 70.
Lorsque Richard Vachoux prend la direction artistique en 1974, auréolé des productions contemporaines créées dans son Nouveau Théâtre de Poche, salué pour son ambition de transformer la maison d’Ernest Fournier en foyer de création, la presse frétille d’impatience à l’idée de se presser dans un théâtre d’essai populaire inspiré du TNP de Jean Vilar.
Las, les compromis parfois maladroits auxquels se livre la direction, écartelée entre ses désirs et les cruelles réalités matérielles, affûtent les plumes des critiques, déçus par une rupture qu’ils avaient rêvée radicale.
Ainsi, les pièces inscrites dans la ligne des grandes recherches contemporaines (Lulu, Candide de Voltaire de Walter Weideli, Intermezzo de Jean Giraudoux, Caligula de Camus, etc.) en feront, certaines à tort, d’autres à raison, systématiquement les frais. Au grand dam d’une partie du public qui regrette, au fil du courrier des lecteurs de la Maison, les charges l’ayant mal influencée.
A tel point qu’à la mi-mai 1979, en quête d’apaisement, l’Association des Amis de la Comédie organise une rencontre entre public et journalistes. Pris en otage par les gens de théâtre emmenés par André Steiger, le débat vire à la bataille rangée, démontrant clairement les mutuelles incompréhensions… comme les passions contradictoires que déchaîne cette institution.
Camille Bozonnet, curatrice de l’exposition «(Re)visiter la Comédie»
Merci Mme Bozonnet de me permettre de retrouver ces merveilleux souvenirs, une tranche de ma vie..
En 1974, il n’y avait plus de travail pour moi dans les bureaux d’architectes.
J’ai eu la chance d’être engagé par Richard Vachoux comme régisseur de scène et assistant metteur en scène.
Ce furent des années merveilleuses de mon insouciante jeunesse (j’avais 20 ans). Un monde de fééries (jolies jeunes fées et vieilles sorcières !) Accueillir Jean Marais, Raymond Devos et Guy Bedos et Zouc et j’en passe.. ah non, je ne vais pas passer sur le plus grand d’entre eux : Laurent Terzieff.. quelle chance d’avoir côtoyé ces grands et travaillé avec Vachoux, Steiger, Jean Monod. Et côtoyer Pirandello, Voltaire, Shakespeare, Molière..
Mon dieu que nous étions jeunes et beaux (Séverine Bujart, J.-C Simon et P. Lapp, François Germond…) On y croyait dur et on bossait dur aussi ! Pas question de compter les heures, répétitions jusqu’au milieu de la nuit, scénographie et éclairages dès l’aube et surtout, copieuses engueulades avec des Robert Hossein, Serge Diakonoff et tant d’autres persuadés d’être la parole de Dieu sur scène !! Mais, ils avaient un peu raison, nous touchions le divin et quand le rideau tombait sur la dernière réplique, le dernier râle, nous étions au paradis.
Des centaines d’anecdotes me reviennent en mémoire, ce fut une période rêvée (parfois un peu cauchemardesque.. mais on s’en réveille)
Il me reste en lisant vos articles et revivant les scènes mises en lumières par les photographies une certitude : j’étais heureux à cette époque de faire le mieux que je pouvais pour… rien ? pour l’art ? Pour mon esprit sans aucun doute.
Cordialement.
Nicolas Roll
Merci, cher Nicolas Roll, pour ce merveilleux récit. On vit cette époque, nous aussi, grâce à vous.