Gare des Eaux-Vives: les clients se font attendre
Depuis le lancement du Léman Express, le 15 décembre dernier, l’activité aux Eaux-Vives peine à (re)prendre. Commerçants et restaurateurs attendent avec impatience l’ouverture de la Comédie. Par Valérie Geneux
Mercredi,17h30, c’est l’heure de pointe. On s’attend à une marée de passagers pressés de rentrer chez eux. Surprise, à la gare des Eaux-Vives, la marée est plus que basse. Une poignée de voyageurs traversent en coup de vent la galerie marchande après le passage d’un train. Puis, plus personne dans le long couloir. On compte quelques clients au café Spettacolo, deux chez le caviste Nicolas et un petit groupe d’ados au fast food. C’est à peu près tout. Les autres magasins demeurent déserts. Chez Tekoe, le responsable admet « qu’il n’y a pas grand monde ». Selon les CFF, 50’000 passagers sont attendus quotidiennement sur le réseau. Une fois sur place, force est de constater que l’on est loin du compte.
Mais où est passée la clientèle ?
Faute de fréquentation, la plupart des commerçants de la galerie ont procédé à des licenciements. L’équipe de Tekoe a diminué de moitié, passant à deux employés par jour. « Nous réduisons les coûts au maximum en attendant que ça prenne », confesse le gérant. Même régime du côté de la Fnac qui s’est séparée de deux employés. Le directeur du fast food Five Guys, avoue être un peu déçu. « En terme de fréquentation, je m’attendais à un petit Cornavin.» La responsable du magasin Moa s’avère, quant à elle, remontée. « J’ai l’impression d’être lâchée. Je n’ai jamais vu les CFF. Je suis déçue du manque d’information autour de l’ouverture de cette galerie », témoigne-t-elle.
Le discours optimiste des CFF
Qu’en disent les concepteurs du projet ? Interrogée, la Ville de Genève renvoie aux CFF. La fréquentation de la gare et du quartier n’est pas de son ressort. Quant aux CFF, ils reconnaissent qu’ « ffectivement les affluences ne sont pas au rendez-vous ». Frédéric Revaz, porte-parole, ajoute qu’il est encore trop tôt pour faire un bilan chiffré. « Nous espérons une augmentation progressive de la fréquentation : le quartier en surface est en cours d’aménagement et nous sommes en train d’améliorer la signalétique pour que les commerces obtiennent plus de visibilité depuis l’extérieur. Nous cherchons aussi à mettre en place des manifestations sur le site, et sommes à la recherche de partenariats à cet effet », déclare-t-il.
« On a souffert, mais ça va désormais aller dans le bon sens »
Aux alentours de la gare, les commerçants dressent un constat mitigé. Ceux qui s’étaient établis de part et d’autre de l’arrêt de tram Roche déplorent sa disparition. « Je comprends que l’arrêt ait été supprimé. Cependant, les commerces se sont greffés autour. Aujourd’hui, cet espace est laissé à l’abandon. Personne ne s’est soucié d’un quelconque aménagement pour les commerçants », regrette David Greco, gérant de l’épicerie italienne Messapia. Melhia Tekkoyun, gérante du tabac le Point rouge partage le mécontentement de son voisin. « Nous avons subi une perte de 20’000 francs de chiffre d’affaire. Il n’y a plus de clients », déplore-t-elle.
Le magasin de vélo Easycycle semble l’un des commerçants les plus satisfaits de la fin des travaux. «Notre clientèle a pu enfin revenir », se réjouit Jospeh Spinelli. En janvier le chiffre d’affaire a augmenté de 15% par rapport à l’année dernière. Les deux vendeurs, tout sourire, comptent sur l’emplacement de leur échoppe, à côté de la voie verte, pour attirer les clients. « On a souffert, mais ça va désormais aller dans le bon sens », annoncent-ils d’une seule voix.
Tous derrière la Comédie
Les commerçants de la galerie et du quartier reconnaissent qu’il est encore tôt pour tirer un bilan objectif de la situation. Attendant avec impatience l’ouverture prochaine de la Comédie, ils restent tous très optimistes quant au futur de leur magasin. « J’espère que cela va donner une impulsion », déclare le directeur du fast food. « J’attends beaucoup du futur théâtre qui, je l’espère, aura un impact positif sur le quartier », ajoute David Greco. Même constat du côté des CFF qui comptent, eux aussi, sur la Comédie pour augmenter la fréquentation. Qui a dit que le théâtre ne changeait pas le monde?
Valérie Geneux
Doux rêveurs ???
Là, j’espère sincèrement que vous ne rêvez pas… Comment la seule et nouvelle Comédie influencera-t-elle la fréquentation de la galerie marchande de la Gare des Eaux-Vives ? Merci de bien vouloir me l’expliquer.
Après tous les couacs récents des CFF… qui a fortement refroidi les passagers et la clientèle, la faute n’est donc pas seulement à mettre sur le dos de la grève héxagonale. Ce qui à mon avis est d’autant plus grave…
(Une parenthèse : le tracé du CEVA ne profite guère aux genevois. Pour nous rendre à Cornavin depuis les E.V. ou vice versa, par ex. il nous faut transiter par le sud, (…) Bachet, ce qui si déconcertant et presque décourageant.
Bref, autant je suis heureux de l’ouverture du LEX, autant je suis sceptique des choix d’alors de nos tristes édiles. Cela ne date pas d’aujourd’hui…
Regardez ce qui est advenu avec le sublime pont de la Traversée de la rade.
Enfin, n’en rajoutons pas après ces millions dépensés tombés à l’eau…)
Je vous souhaite vivement le meilleur, à vous et aux “futurs” passagers qui daigneront s’arrêter aux EV pour un snack Théâtre…
Avec toute mon amitié et mon espoir.
A.Z.
Merci. Enfin un article documenté qui confirme ce que je ressens tous les jours à la gare des Eaux-Vives (je suis pendulaire Genève-Nyon). La grève a coupé l’élan initial (les trains St-Maurice-Annemase s’arrêtaient à Genève).
Peu de personnes utilisent les trains, sauf en majorité la population genevoise qui a l’habitude des transports publics. Il y a plus de monde le week-end, c’est dire.
Il y a aussi tellement de trains retardés et annulés. A part des policiers, on ne voit jamais un employé des CFF. Il mes semble que dans une nouvelle gare au centre d’un nouvelle ligne l’accueil et l’information devraient être une priorité absolue.
Peu de personnes prennent les trains. Passé 18 heures en descendant à Eaux-Vives nous sommes peut être trente personnes. Le train repart presque vide à Annemasse. Je ne suis pas certain que le succès soit au RDV.
Dommage aussi que les prix des commerces soient tellement élevés. Un pain au chocolat et un espresso pour plus de 7 francs chez Spectacolo ça ne donne pas envie de revenir. Prix identiques chez Wolfisberg. Le caviste semble avoir des prix corrects sur les vins locaux. Il y a d’ailleurs du monde. Le Fast-Food est beaucoup trop cher. Je suis sur qu’une diminution des prix permettrait de remplir. Mais là on touche aux loyers exorbitants facturés par les CFF.
Je pense q’un peu d’animation dans la gare serait aussi la bienvenue.
A corriger d’urgence.
Un usager qui aime le CEVA
Lire l’article édifiant de Joelle Kuntz paru dans le TEMPS de ce jour, 19.2.20
“Le LEX , un rêve presque parfait ”
Merci de votre attention et vive le festival prévu F-LEX prévu les 25 et 26.4