Fantômes de la Comédie, épisode 1

Quinze étudiants de la HEAD de Genève dessineront chaque semaine une histoire de fantôme théâtral, cadavre exquis à savourer toutes affaires cessantes

Un cadavre exquis pour accompagner la mort programmée d’un bâtiment et la naissance d’un nouveau théâtre. Au printemps, quand la Comédie et Le Temps cogitent sur leur futur journal en ligne, l’envie d’un roman graphique jaillit d’une discussion. Genève est l’une des places fortes de la bande dessinée suisse et européenne, un vivier aussi. Pourquoi ne pas solliciter la HEAD, son département  Communication visuelle et ses options Image/Récit ainsi qu’Espace/Média? Approchés, l’école et son directeur, Jean-Pierre Greff, n’hésitent pas.

Le projet? Accompagner le transfert de la Comédie actuelle, boulevard des Philosophes, à sa nouvelle enveloppe, dans le quartier de la gare des Eaux-Vives,  jusqu’à l’inauguration du bâtiment en septembre 2020. L’entreprise demande du souffle, de la fantaisie et de l’enthousiasme. Nouveau responsable de la section Image/Récit, le bédéaste français Clément Paurd n’en manque pas. Tout comme ses collègues, la dessinatrice Peggy Adam, et Myriam Poiatti, professeure en communication visuelle. Le trio encadre depuis septembre un groupe de quinze étudiants, entre 18 et 25 ans. Ce sont ces talents qui planchent sur la bd que vous pouvez goûter dès à présent.

Histoires de fantômes

Le thème est a priori puissamment dramatique: le fantôme au théâtre, celui de l’opéra cher au romancier Gaston Leroux, celui que Shakespeare jette dans les pattes du jeune Hamlet. Il y a un mois, la classe a assisté, à la HEAD, à la conférence du professeur Daniel Sangsue, auteur notamment de Fantômes, esprits et autres morts-vivants. Essai de pneumatologie littéraire (José Corti). «Je leur ai suggéré de s’inspirer d’un élément de cette conférence, par exemple les fameuses tables tournantes dessinées par Honoré Daumier, pour qu’ils aient une base culturelle», raconte Clément Paurd.

Histoire de pénétrer la matière, ils ont fait aussi la visite de la Comédie, en compagnie d’un cintrier. Clément Paurd leur a demandé ensuite un premier jet, neuf images susceptibles d’être «scrollées», c’est-à-dire déroulées à la verticale. La troupe a carburé. Chaque semaine, vous découvrirez l’une de ses productions sélectionnées par les étudiants réunis en comité éditorial. «L’ambition, c’est que ce soit solide, surprenant et singulier», souligne Clément Paurd. Cet atelier est un athanor: il promet des trésors en chaîne. Un théâtre d’ombres hilares.

 

Annie a Marca
1996 – 2018
Venant des terres lointaines du Jura, elle aura su rester libre jusqu’au bout.
JURA LIBRE