Sandro Rossetti, le rêve réalisé d’un pionnier

Co-fondateur du Théâtre du Loup et de la Fanfare du même nom, cet architecte de métier a fait partie de l’Association pour une nouvelle Comédie, à l’origine du théâtre des Eaux-Vives

Sur le quai de la gare de Champel, filmé par notre vidéaste Robin Mir, Sandro Rossetti se sent soudain flagada. C’est que l’émotion est forte au moment de monter dans le train et de traverser en quelques minutes à peine une partie de la ville, pour débarquer à la station des Eaux-Vives, celle qu’il voudrait qu’on renomme «gare de la Comédie.»

Pouvait-il imaginer un tel transport il y a vingt ans? A l’époque, cet architecte de métier, co-fondateur du Théâtre du Loup et de la fanfare du même nom, est de ceux qui appellent à la création d’une nouvelle Comédie, encouragés alors par Anne Bisang, directrice de l’institution. Une partie de la profession vient de créer l’Association pour une nouvelle Comédie (ANC). Il en est tout naturellement.

Comédiens, techniciens, scénographes, metteurs en scène cogitent sur un bâtiment qui ne soit plus un rafiot calfaté de toute part, mais un paquebot aiguisé par tous les vents. Tous réclament un théâtre outillé pour le futur, susceptible de convertir les nouvelles générations à l’ivresse des planches.

L’ANC a su se faire entendre, s’enthousiasme aujourd’hui Sandro Rossetti. Les autorités politiques suivront le mouvement. Un concours d’architecture international sera lancé en janvier 2009. Quelque 88 candidats planchent sur «cette usine à fictions.» Couple dans la vie, fondateurs aussi du bureau FRES, Sara Martin Camara et Laurent Gravier l’emportent.

Douze ans plus tard, la Comédie des Eaux-Vives attend encore le coup de ciseau inaugural – le covid impose son calendrier. Mais elle est déjà cette manufacture espérée par Sandro Rossetti et l’ANC. «Ce théâtre n’est pas le fait d’un prince, mais le fruit du besoin et du désir d’une profession», aime à dire cet amoureux du jazz. Parole de pionnier.