Vie secrète du chantier, épisode 20

La Comédie des Eaux-Vives se déleste de ses habits de travail. Le chantier vit ses derniers jours. Eddy Mottaz chronique cet épilogue

La grande salle et ses quelque 500 sièges encore en habits de travail. C’était il y a quelques jours et une brigade de techniciens et d’ouvriers mettait la dernière touche au grand oeuvre. Eddy Mottaz a suivi leur ballet sur une scène vaste comme celle du Bolchoï, recouverte d’un revêtement en plastique bleu piscine, histoire d’éviter salissures et entailles malheureuses.

Ce qui frappe ici, ce sont les bras ouverts en croix de l’homme de dos, au bord de la scène, à gauche. Tandis que deux de ses collègues s’affairent, il paraît s’adresser à la salle, théâtral comme un chef d’orchestre. Quel discours tient-il à la foule invisible? Lui promet-il des soirées de griserie qui feront oublier la grisaille de ces jours claquemurés à cause d’un perfide virus? Se lance-t-il dans une improvisation fougueuse comme un personnage de «Ce soir, on improvise», comédie merveilleuse de Luigi Pirandello?

Certitude: il prend plaisir à jouer sa partition, comme s’il était à la Scala de Milan ou à la Comédie-Française. C’est sa tirade qu’on fantasme. Il arrive ainsi que les photos parlent.